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Entre les déclarations enflammées (et un peu gênantes) de l’économiste Max Keiser et l’irruption sur scène en plein direct d’un éminent (et tout aussi gênant) membre de la DOGE Army, le sommet international Bitcoin 2021 à Miami tient enfin probablement son véritable moment historique. Dans une communication officielle, le président du Salvador Nayib Bukele a en effet annoncé que Bitcoin deviendrait prochainement monnaie officielle dans son pays, aux côtés du dollar. Une évolution sans precedent qui bénéficiera de l’appui de plusieurs acteurs majeurs du secteur comme Strike et Blockstream.

Salvador et de dollars

Avant de mentionner formellement la news coup-de tonnerre du jour, il n’est pas inutile de rappeler que le Salvador, petite nation d’Amérique latine peuplée de 6.5 millions d’âmes a pour monnaie… le dollar américain.

Si cette situation monétaire pourrait surprendre, elle perdure depuis 2001, date à laquelle le billet vert a remplacé le colón qui avait cours depuis 1892. On rappellera au passage que le Salvador est loin d’être la seule nation d’Amérique centrale et du Sud a avoir opéré le virage de la “dollarisation”, celle-ci s’étant également déclinée au Panama (depuis fort longtemps) ou en Argentine.

A chaque fois, c’est l’argument de la protection contre l’inflation qui a été mis en avant par les gouvernements successifs, face à un effondrement des taux de changes des monnaies locales, accompagné d’une paupérisation massive des populations.

Si ces adaptations monétaires sont avec le recul jugée globalement peu fructueuses, elles se sont en revanche accompagnées d’une libéralisation des secteurs économiques nationaux et de privatisations en pagaille.

Ainsi, en dépit d’un règne sans partage de 20 ans du Dieu Dollar au Salvador, la situation dans ce petit pays, le plus densément peuplé de la région, demeure préoccupante : économie de subsistance, grande dépendance de la diaspora et des aides étrangères, fort taux de chômage… le tout sur fond d’absence de perspectives économiques et d’une histoire politique récente mouvementée.

Et dans ce tableau peu amène, un chiffre macro-économique effrayant : 70% d’une population, souvent jeune, non-bancarisée.

Une situation économique nationale peu réjouissante donc, mais qui à défaut présente potentiellement un contexte propice à l’expérimentation et à l’innovation. Et c’est précisément dans cette dynamique que le jeune président du Salvador Nayib Bukele souhaite s’inscrire avec une déclaration qui demeurera désormais gravée dans l’histoire économique moderne : l’utilisation de Bitcoin en tant que monnaie légale au sein d’une nation souveraine.

Le président du Salvador Nayib Bujkele
Le président du Salvador Nayib Bukele (STANLEY ESTRADA / AFP)

Salvador : la première Bitcoin-Nation ?

C’est à l’occasion du sommet Bitcoin 2021 de Miami que la nouvelle est tombée. Le jeune et dynamique président (il a 39 ans et est réputé pour son éternelle casquette à l’envers), leader du parti réformiste New Ideas est intervenu durant le week-end pour annoncer en vidéo la grande nouvelle, à savoir qu’il allait présenter dans les tout prochains jours une proposition de loi au Congrès National afin de faire de Bitcoin une monnaie légale, aux côtés du dollars. Ledit congrès étant acquis au parti News Ideas, la validation de la proposition devrait relever de la formalité.

Outre la dimension historique de la chose, qui fera du Salvador la première nation souveraine à donner des lettres de noblesses monétaires à la création de Satoshi Nakamoto 13 ans après sa création, le président à fait savoir qu’il serait entouré de leaders du secteur, comme l’application de paiement via Lightning Network Strike, ou le géant Blockstream.

« Ce qui est une véritable transformation ici, c’est que le bitcoin est à la fois le plus grand actif de réserve jamais créé et un réseau monétaire de qualité supérieure. La détention de bitcoins permet de protéger les économies en développement des chocs potentiels de l’inflation en monnaie fiduciaire »

Jack Mallers, fondateur de Strike

Chacun dans cette équation a parfaitement compris que l’opportunité était historiquement sans précédent.

Pour le président Bukele, c’est en effet l’occasion de se placer en réformateur économique, en capacité de s’autonomiser vis-à-vis du dollars. En ce sens, le réseau de paiement Bitcoin pourrait permettre d’offrir un accès simplifié à des solutions financières à des millions de personnes laissées au bord de la route du progrès économique.

Par ailleurs, le président du Salvador perçoit les propriétés anti-inflation de Bitcoin, dans un monde engagé dans une spirale inflationniste de plus en plus folle. Une porte ouverte à l’intégration de bitcoins en tant qu’actifs aux finances nationales.

Du côté des sociétés de l’écosystème comme Blockstream ou Strike, l’occasion est tout aussi belle : disposer d’un pays et d’un système économique complet offrant une véritable page blanche pour démontrer l’efficience des moyens de paiements et du réseau Bitcoin à grande échelle. Un rendez-vous rien moins qu’historique qui sera scruté avec attention à travers le monde.

Si des esprits chagrins pourraient ironiser sur la modestie de la petite nation salvadorienne et son maigre poids économique ou géopolitique, de nombreux observateurs s’accordent sur un point : le Salvador pourrait constituer le premier domino à tomber, entraînant rapidement des nations voisines confrontées aux mêmes équations économiques insolubles. Une fois cette mécanique enclenchée, le mouvement de “bitcoinization” du monde pourrait ainsi définitivement atteindre un point critique de non-retour.